Christian STRABONI

Christian Straboni n’est pas raisonnable. Passionné depuis pratiquement le berceau par la bande dessinée, à l’école, au collège, au lycée, il dessine. Après des débuts d’ouvrier agricole au fin fond de la Bourgogne, puis quelques autres petits métiers, il débute dans l’illustration jeunesse à la fin des années 80 (Éditions Bayard, Milan, Hachette,…).

Quelques années plus tard, il décide d’abandonner provisoirement l’édition.

Christian Straboni n’est pas raisonnable. Il se lance alors dans le multimédia pour un provisoire qui durera près d’une décennie et durant laquelle il sera directeur artistique, réalisateur, concepteur et chef de projet. Ne voulant pas mourir idiot, il revient à l’illustration et travaille dorénavant pour la communication tout en réalisant des projets personnels de bandes dessinées.

Son premier album, Jour après jour (Édition Akileos), narre les non-aventures d’un gardien de phare et de Noctule, sa chauve-souris domestique. D’autres projets sont actuellement en cours. Christian Straboni n’est pas raisonnable.
Texte © Auteur

Retrouvez Christian Straboni sur le web…

 

Quelques unes de ses publications

  • Jour après jour – Vaille que vaille,Akileos, 2006
  • Le Chapeau de Rimbaud, avec Laurence Maurel, Akileos,2010

 

Gros plan sur « Le chapeau de Rimbaud » de Laurence Maurel et Christian Straboni

L’histoire

Qu’est-ce qui rapproche Jean-Roch Folelli, corse et Communard condamné au bagne, et Arthur Rimbaud, ancien élève brillant de Charleville-Mézières et enfant terrible de la poésie française, devenu négociant ? La fuite – évasion de l’enfer calédonien pour l’un, échappée des cercles mondains pour l’autre –, l’Afrique et un chapeau. Après s’être rencontrés dans le petit port de Tadjourah, et sans s’attarder sur leur passé, Folelli et « Abdu Rimbo » s’enfoncent de conserve au cœur du mythique royaume de Saba, afin de livrer une cargaison d’armes et de munitions au roi Ménélik. Mais, tandis que la caravane passe et que le couvre-chef destiné au poète s’égare, l’ex-bagnard, en proie aux chimères, connaît une saison en enfer…

Après Christophe Dabitch et son excellente Ligne de fuite, Christian Straboni et Laurence Maurel invitent à leur tour le lecteur à une balade sur les traces de « l’homme aux semelles de vent », par le truchement des tribulations d’un paria. L’attitude rebelle de celui-ci face à l’autorité reflète d’ailleurs assez bien l’insubordination du génial auteur des Illuminations qui trouve là, en quelque sorte, son alter-ego. Passées les rapides présentations, le récit à quatre mains entre de plain-pied dans le vif du sujet : l’Aventure.

Bien documentés et profitant du peu d’éléments connus sur les années africaines de Rimbaud, les scénaristes développent leur intrigue autour des heurs et malheurs de Folelli – personnage fictif – pour mieux imaginer et faire vivre une des expéditions menées à travers l’Ethiopie par le poète, alors trafiquant d’armes et de kat. Tous les possibles sont ainsi ouverts, permettant à l’onirisme de s’immiscer dans la narration pour, finalement, la porter et en devenir le point d’orgue. Les Ethiopiques d’Hugo Pratt ne sont pas bien loin. Ce faisant, et en parsemant leur histoire de citations poétiques reprises en entier à la fin de l’album, Christian Straboni et Laurence Maurel offrent également plusieurs niveaux de lecture qui réjouiront aussi bien l’amateur de littérature que le passionné de récits aventureux.

Enfin, doté d’un trait épais et sûr, le graphisme en noir et blanc de Straboni s’accorde bien avec l’histoire. Rappelant un peu celui de Jen-Philippe Peyraud (La bouche sèche, Le désespoir du singe), il campe les protagonistes avec vigueur et caractère, et confère une puissance certaine aux paysages désertiques ou aux ambiances nocturnes. En outre, il permet au dessinateur de donner une consistance indéniable et habilement trompeuse aux hallucinations, parfois bien en chair ou d’apparence un peu trop vivante – le temps d’un songe -, de Folelli.

Riche, bien mené et dépaysant, Le chapeau de Rimbaud constitue une bien jolie balade rimbaldienne qu’il serait dommage de bouder, malgré un accès éventuellement difficile.

Quelques planches